Mon amie Jessica (j’ai changé son nom pour préserver son anonymat) a rencontré quelqu’un sur l’application Bumble. Jusqu’ici, rien de choquant.
Après quelques échanges répartis sur une semaine, elle a accepté d’aller prendre un verre avec lui. Dès les premières minutes de leur rencontre, elle savait que ce n’était probablement pas l’homme de sa vie. Puisqu’elle était avec lui, elle a décidé de se laisser emporter par le mood. Il était nerveux, cherchait ses mots… elle l’intimidait, c’était évident. Malgré sa maladresse, il la faisait sentir belle et désirée.
Elle a poursuivi la soirée chez lui. Un french, et puis deux… c’était parti! Imaginez deux adolescents qui s’embrassent pendant une heure, en savourant chaque seconde du moment présent. Arrivé au moment de vérité, où les deux sont flambants nus, il n’a pas de condom sous la main. Elle non plus. Elle refuse donc de coucher avec lui. Ils continuent de s’amuser en faisant quelques préliminaires. Une fois calme, elle s’habille et quitte en direction de chez elle. Il ne la retient pas.
Elle marche jusque chez elle en pensant : « un autre homme qui n’a pas de condom et qui refuse d’en porter ». En fumant sa cigarette, elle repense à sa fréquentation précédente. Il lui manque. Elle est tout de même contente d’avoir eu un peu d’action, surtout un lundi soir. Elle se met au lit, éteint la lumière et pose son masque sur ses yeux.
8 h, le lendemain matin : son alarme sonne. C’est l’heure de se préparer pour aller au boulot. Elle arrête son alarme et voit un texto du mec de la veille. « Déjà!», pense-t-elle.
Voici un copié-collé du message texte (je n’ai pas corrigé ses fautes d’orthographe et de syntaxe) :
« Bon matin Jessica. J’ai bien aimé notre date hier! Tu es super nice 🙂 Tu es compréhensive, généreuse, drôle, intelligente, acceptante, compasionelle, tu fumes des clopes et du weed et tu es belle. par contre à long terme ca fonctionnera pas pour moi parce que physiquement au niveau du corps, j’aime les filles plus fit. Je suis désolé de te dire ca ca ne me tente pas de te dire ca, tu ne mérites pas de lire ca mais d’un autre côté tu ne mérites pas que je te ghost ou de dire à tout le monde à la Job ce matin que tu as rencontré quelqu’un alors je tiens à te le dire tout de suite. On peut se voir en ami si tu veux. Je te suggère d’aller au gym sans joke tu vas être en mesure de dicter tes termes avec les hommes et tu vas être en contrôle. J’aimerais vraiment ca pour toi pcq je t’apprécie. Ca va te faire du bien sur ta confiance aussi. Chose que tu sais que je manque aussi. Considère le svp, on peut prendre des marches ensemble, mais tu dois faire plus que ça. Tu vas avoir une mentalité de killer si tu fais ca, tu ne vas pas le regretter ! »
Jessica m’a appelé en pleurant. Elle était sous le choc qu’une personne puisse envoyer ce genre de message en pensant bien faire. Elle ne lui a pas répondu, même si elle aurait ressenti, ne serait-ce que pendant quelques secondes, la satisfaction de lui faire un peu mal en retour. Personne ne mérite de lire ce genre de commentaire à son propos. Une fois que le choc s’est dissipé, elle n’avait plus trop envie de continuer à rencontrer des hommes sur Bumble. Et on la comprend.
Le body shaming, c’est quoi?
Le body shaming est de se moquer des caractéristiques physiques d’une personne ou de commenter le corps d’une personne en imposant son opinion personnelle de ce qui est beau. Il inclut tout commentaire sur le poids (la minceur et la grosseur), la grandeur, la pilosité, la couleur des cheveux, les traits du visage, les tatouages ou les piercings et même les maladies qui laissent une marque apparente sur le corps comme le psoriasis.
Le body shaming est une forme de discrimination et d’intimidation. Et tristement, la grossophobie est la cause d’intimidation la plus répandue.
Les effets néfastes du body shaming
Le body shaming peut être dangereux sur la santé mentale et physique de ses destinataires. Elles peuvent développer une image corporelle négative et ressentir de la honte, de la colère, de la culpabilité ou de la tristesse. Toutes ces émotions peuvent mener vers une relation malsaine avec leur corps et la nourriture, à ressentir des symptômes d’anxiété ou de dépression et à avoir envie de s’isoler. Elles augmentent le risque de développer un trouble alimentaire.

Chez les 15 à 19 ans, le body shaming est la quatrième cause de suicide.
Si vous n’êtes pas sûr qu’un commentaire pourrait être perçu comme du body shaming, une bonne règle de base est de ne jamais commenter sur le corps ou la santé d’une autre personne. Trouvez autre chose dont vous pouvez parler. Si quelqu’un ne vous intéresse pas, vous pouvez toujours swiper à gauche.
« Le body shaming n’est pas acceptable sur Bumble ou en-dehors de la plateforme », peut-on lire sur la politique de l’application de rencontres.
Une autre histoire de bodyshaming
En 2017, une femme s’est exprimée à Bumble après avoir été en rendez-vous avec un pilote d’avion qui l’a ghosté. Elle a remarqué peu de temps après qu’il avait mis à jour son profil et y avait écrit :
« Pleeeeeease don’t be fat in real life. »
Ce commentaire aurait pu être à propos de quelqu’un d’autre, mais ce serait une drôle de coïncidence. La femme a collaboré avec Bumble pour retrouver son match et il a ensuite été banni de la plateforme. Les utilisateurs de l’application sont d’ailleurs encouragés à signaler les personnes qui ont de tels propos.
Si vous êtes victime de discrimination, vous n’avez pas à l’accepter : dénoncez-le.
Avez-vous déjà vécu ce genre de situation avec un homme? Comment auriez-vous réagi à ce texto?