M. Le Rockeur fait tout pour me reconquérir

Il voulait me voir très bientôt. J’étais contente, mais j’avais peur qu’il m’arrache le cœur, une deuxième fois…

Si vous saviez comment j’ai eu de la difficulté à ne pas lui écrire pendant cinq jours ! Ce n’était pas dans nos habitudes de ne pas nous écrire. Il faisait partie de mon quotidien. J’étais soulagée quand j’ai reçu son message.

M. Le Rockeur : Hey! Comment tu vas? Santé, travail, appart pis toute pis toute? On se fait un petit souper ou verre très bientôt?

J’ai attendu des heures avant de lui répondre. À la suite de notre discussion, je m’étais bâtie des murs de briques autour de moi. Je n’étais pas prête à les démolir tout de suite. J’étais plus froide et détachée. Je me protégeais de lui.

Moi : Salut! Je vais bien, et toi? Ça serait cool. Je suis dispo mercredi et vendredi soir, sinon ça irait à la semaine prochaine.

M. Le Rockeur : Cool demain alors!!! J’ai hâte!

Euh… il avait hâte ? Depuis quand le Rockeur avait hâte de me voir ? Ou plutôt, depuis quand me disait-il qu’il avait hâte ? Je ne comprenais plus rien. J’ai simplement répondu : «cool, à demain !». Il ne méritait pas que je lui dise : «moi aussi». Oh que non !

Le lendemain soir, il m’a écrit vers 17 h pour me dire qu’il était en meeting, mais qu’il pouvait toujours me voir en soirée. J’ai simplement répondu : «ok np.»  Deux heures plus tard, il m’a écrit pour savoir si j’avais soupé.

Moi : J’ai grignoté.

Lui : Soit je passe chez nous pis on se rejoint dans mon coin. Soit je monte chez vous en char après être passé chez nous! Et si t’as soupé… On se fait un verre.

Moi : Ok. 2e option.

Lui : Ok je vais chez nous, je ramasse mon char pis je te rejoins. As-tu quelque chose à boire? On mange quelque chose ensemble? Je vais arrêter en chemin si on a besoin de quoi.

Moi : Je n’ai pas grand chose à part du Gin et du Nutella. Not recommended together. On peut aller sur une terrasse aussi. Genre sur Masson.

Lui : Lol ! All right. Dis-moi où je vais monter en bus direct.

J’avais envie qu’il fasse un effort. Ça paraissait ? Nous nous sommes rejoints au coin du boulevard St-Michel et de la rue Masson. Je l’ai fait attendre une quinzaine de minutes. Il m’attendait en écoutant de la musique, ses cheveux dans les airs avec ses lunettes de soleil sportives. Il n’était pas si beau. Mon détachement allait être plus facile, ai-je pensé.

Nous ne nous étions pas vus depuis quelques semaines. Entre temps, j’avais changé de couleur de cheveux. J’étais passé du blond platine à une repousse brune foncée. Il m’a immédiatement complimenté en disant que j’étais jolie. Je l’ai remercié avec indifférence. Nous avons choisi le Pot Masson, même s’il y avait un peu d’attente avant d’avoir une place.

Nous avons discuté de son travail et du mien. Nous avons rigolé. Je passais un moment agréable, comme d’habitude. Je faisais moins d’effort pour mener la conversation. Je le laissais parler. Nous sommes restés environ 1 h 30 à discuter au resto-bar. Il m’a demandé deux fois ce que je voulais faire après. Je lui répondais que je ne savais pas. Je voulais qu’il décide. Je voulais savoir ce dont il avait envie. À la sortie du resto, nous nous sommes arrêtés au coin de la rue.

M. Le Rockeur : Alors, on fait quoi ?

Moi : Je ne sais pas. Tu veux faire quoi ?

Lui : Tu as envie de quoi ?

Moi : Toi, tu as envie de quoi ?

Aucun d’entre nous ne voulait se prononcer, mais j’étais plus têtue que lui ; je savais que j’allais gagner.

Lui : Veux-tu venir prendre un verre chez moi ?

Moi : Ok

Lui : Ouf… ça a l’air de te tenter ! Laisse faire debord !

Moi : Pourquoi tu dis ça ? J’ai dit ok. Ça veut dire oui.

Lui : Sinon, ça se finit ici, maintenant, sur le coin de la rue, là.

Moi : Je t’ai dit que je venais.

Nous nous sommes donc rendus chez lui. Il m’a demandé si je voulais regarder un film. J’ai dit oui. Il m’a montré toute sa collection de films, un peu trop fier. Je ne connaissais pas ce côté de lui. Il possédait au moins 300 dvds. Ça m’a fait pensé à mon ex et sa collection de films. Il m’a laissé choisir le film et m’a servi un verre de vin. Je me suis assise à la gauche du divan, collée sur l’appui-bras. Il s’est assis à ma droite. Je faisais tout pour rester loin de lui et être distante. Ce n’était pas facile ! Quinze minutes après le début du film, il m’a dit :

Est-ce que tu es bien ? Installe-toi donc plus confortable. Et pourquoi t’es à l’autre bout du divan ? Viens-ici !

Je me suis rapprochée sans le coller. J’ai seulement mis mes jambes à côté des siennes sur le pouf. Et puis, je n’en pouvais plus d’être loin de lui. Il m’avait tellement manqué. J’avais envie de sentir son corps contre le mien. J’ai mis ma jambe gauche par-dessus ses jambes, mon bras gauche sur son ventre et ma tête sur son torse. Il a passé son bras autour de mes épaules et a déposé un baiser sur ma tête. J’étais tellement bien. Il m’a dit :

Est-ce que tu es bien comme ça ?

Moi : Oui.

Lui : Moi aussi, je suis vraiment bien.

J’essayais vraiment d’être indifférente, mais il me rendait la tâche difficile. Et puis, il s’est endormi. Je le trouvais tellement mignon ! Il s’endormait toujours dans mes bras. Quand je lui disais qu’il dormait, il niait.

Une fois le film terminé, je l’ai réveillé et je l’ai tiré dans son lit. Je ne l’ai pas collé. Il m’a collé tout de suite. J’ai ensuite assisté au festival des confidences : « Je suis tellement bien avec toi. Tu me fais capoter. Tu embrasses tellement bien », etc. J’avais l’habitude de répondre «moi aussi» à tous ses commentaires, mais cette fois, je ne disais rien. Plus je disais rien, plus il continuait. Il était incapable de me lâcher. Je ne comprenais rien. Une semaine plus tôt, il voulait arrêter de me voir. Ça ne faisait aucun sens.

Le lendemain matin, quelques heures après être partie de chez lui, il m’a envoyé une photo de son déjeuner : une toast avec du Nutella sans nom. La veille, il avait débattu que le Nutella sans nom était aussi bon que le vrai Nutella. Je le trouvais cute de penser à moi.

J’ai ensuite réalisé : nous n’avions même pas reparlé de notre discussion. Deuxième constatation : M. Le Rockeur faisait tout pour me reconquérir.

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