M. Le Rockeur, la clôture et moi à minuit

Il m’a immédiatement reconnu et s’est avancé vers moi. Mon cœur battait la chamade.

Hey, tu es venue! Wow, tu es réellement là!

Il m’a fait la bise et débordait de joie. Il était tellement heureux de me voir. Il était beau, grand, mince, au sourire craquant et aux yeux pairs perçants. Son style était unique : Doc Martens vert foncé avec bas gris remonté, chaîne argent à la taille, short skinny noir en jean déchiré, chemise noire à manches courtes, bracelet de plage, casquette rouge portée à l’envers, anneau argent au nez, anneau argent à l’oreille. Il arrivait à combiner le style rock et surf dans un même look avec brio. Il était sans aucun doute unique; il n’en existait pas deux comme lui.

Le party se déroulait dans les trois appartements du triplex. Il s’est empressé de me présenter à tous ses amis. Je me suis vite aperçue qu’ils savaient tous qui j’étais en me souriant bêtement. C’était gênant! M. Le Rockeur n’arrêtait pas de parler et de bouger. Il était incapable de supporter une seconde de silence auprès de moi. Je voyais qu’il était nerveux; il ne tenait pas en place. Je me demandais s’il était toujours comme ça ou si c’était moi, l’alcool ou un mélange des deux.

La visite du bunker

Je voulais absolument voir son appartement, car on apprend tellement de choses en voyant le chez-soi de quelqu’un. J’ai dû lui demander au moins quatre fois avant qu’il m’y amène. Je ne savais pas s’il était gêné de se retrouver seul avec moi ou s’il ne voyait pas clair dans mes intentions (oui, j’avais envie d’un moment en tête-à-tête avec lui).

Il habitait à l’appartement du sous-sol qu’il surnommait « le bunker ». Arrivé chez lui, il m’a fait visiter. Il avait différents types d’éclairage. La lumière passait du rouge au vert. Plusieurs cadres de photos urbaines décoraient ses murs. Ses propres photos, me suis-je dit. Dans sa chambre, deux bibliothèques blanches débordaient de livres sur les motos et le voyage entre plusieurs romans. Il était fier de me montrer sa petite pièce du fond : son studio de musique. J’entrais dans son univers; un univers que je connaissais bien, étant moi-même musicienne et chanteuse. J’observais son havre de paix composé de plusieurs guitares au mur, d’un piano avec des feuilles de partitions, d’une affiche des Sex Pistols, d’un ordinateur Mac, d’un micro, d’écouteurs, de haut-parleurs et d’un divan-lit. Il a tout de suite allumé plusieurs chandelles. Il me l’avait bien dit : il était romantique.

L’éclosion des papillons

Je me suis assise sur le divan afin d’être un peu plus confortable. Il est venu s’asseoir près de moi pour discuter. Enfin, un moment seul, me suis-je dit. Ses yeux hypnotisaient les miens. Il me donnait des papillons. J’avais une envie folle de l’embrasser, de coller mes lèvres sur les siennes et de m’évader dans ses bras.

M. Le Rockeur : « Tu as tellement d’audace d’être venue à mon party. Je n’en reviens pas encore!»

Moi : « Eh bien, il ne fallait pas m’inviter alors!»

Nous avons sourit comme deux idiots. Puis, une de ses amies est entrée dans le studio et s’est assise au piano Décidément, ce n’est pas ce soir que je vais pouvoir être seule avec lui, ai-je pensé. Son amie était sympathique et a joué quelques notes. M. Le Rockeur fermait les yeux et bougeait la tête en signe d’appréciation. Je ne pouvais pas détourner mon regard. Il me donnait le vertige. Je m’imaginais en train de l’embrasser, mon corps contre le sien…

Après une heure, j’ai décidé de partir. Je n’arrivais pas à être seule avec lui (trop de monde!) et je ne connaissais personne. C’était assez d’émotions pour moi en une soirée. De toute façon, je savais qu’en quittant rapidement, il aurait plus envie de me revoir. Il ne voulait absolument pas que je parte. Il m’a accompagné jusqu’à la clôture. Là, où notre rencontre avait eu lieue une heure auparavant. Il n’arrêtait plus de parler. Si bien que j’ai passé au moins vingt minutes à tenter de partir. Il m’a dit qu’il voulait me revoir très bientôt et plusieurs fois avant son départ pour le Nicaragua. Je suis rentrée chez moi, le sourire aux lèvres. Nul besoin de vous dire que j’ai rêvé à lui toute la nuit.

Le lendemain matin, j’avais un message de lui sur Facebook Messenger.

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