À cet instant, il ne devait pas se douter qu’il aurait à attendre un mois et demi avant de pouvoir enfin me rencontrer en personne.
Chaque jour, nous échangions plusieurs textos. Il était toujours là pour moi, virtuellement, malgré mon état dépressif. Il trouvait toujours le moyen de me faire sourire. J’ai apprécié qu’il n’ait pas insisté pour me revoir; il respectait et comprenait que j’avais besoin de temps. Mes amis ne comprenaient pas pourquoi je refusais de le rencontrer. Ils étaient pro-rockeur.
Le jour de l’anniversaire de mes 30 ans, il a été un des premiers à m’écrire. Son message disait :
Je te souhaite que la nouvelle année qui débute dès aujourd’hui en soit une de grands rêves, de plaisirs ultimes, de cadeaux que tu te fais à toi de toi, une année solide en changements et préparatoire à une sacré belle ride qui va déborder de fun, de sweet romance, de succès fuckin nice pis de rock and roll.
Deux semaines plus tard, M. Le Rockeur m’a invité à voir un spectacle de musique avec lui précédé d’un vernissage photo dans le mile-end :
Right now, t’es la première personne avec qui j’aimerais passer la soirée. Pis I know qu’on s’était dit que tu me ferais signe quand solide et ready… mais je prends une chance pareil.
J’ai refusé.
Je suis patient et je respecte ça. J’espère juste que j’aurai pas de kid rendu là.
Quelques jours ont passé et je pensais encore à mon ex. J’ai été franche avec mon rockeur. Il m’a dit :
Pis pendant ce temps-là t’as un top cool guy punk rocker sweet biker writer sur le back burner…! Et surfer j’oubliais. Faque c’est comme la totale in a 6’2 tall box!
En plus, sa façon de vivre me donnait envie de vivre à 100 mille à l’heure, avec lui.
J’ai choisi de rester jeune forever. Je suis au bon endroit au bon moment après des calvaires de détours. Le reste sera une top cool bande dessinée avec full rock and roll pis de love pis de pétard à mèche quand ma blonde pis moi on va être bored. Et toi, t’as vraiment besoin d’avoir un shit load de fun. Pis mettre des points d’exclamations dans tes interventions. Faut se voir.
Je voulais tout ça avec lui, sans même l’avoir rencontré.
La journée ou j’ai débuté mon nouvel emploi, j’ai reçu trois textos : deux de mes deux meilleures amies et un de M. Le Rockeur. Je le répète: il était là pour moi à toutes les étapes de ma nouvelle vie. J’aimais sa sincérité et sa spontanéité. Il ne jouait pas de game avec moi. Il était franc, tout le temps.
J’essaie d’être the most genuine authentic boy in the hood. Game? No more.
J’étais toujours indécise de le rencontrer. J’avais peur d’être déçue, de ne pas lui plaire ou au contraire, de tomber pour lui. Je sentais qu’il commençait à s’impatienter de me voir :
Tsé que je suis pas mal populaire… pis comme j’ai hâte de te rencontrer pour arrêter de me demander t’es comment pis me poser des questions quand je reçois des demandes en mariage…
Je ne pouvais pas l’empêcher de voir d’autres filles, même si j’espérais qu’il m’attende encore un peu. Un soir, alors que j’avais les blues, j’ai reçu un autre beau message de lui :
Moment confidence de la soirée : j’aurais bien aimé bump into each other dans une soirée fuckin perfect weather d’adolescent qu’on rentre tard à soir pis qu’on ride en bike sans destination parce qu’on veut juste être ensemble forever du moment. Sérieux, je te trouve fuckin intriguante. Je suis tout le temps content quand je vois un message de toi. Je sais pas comment électrique t’es en vrai, in real, mais j’ai hâte de te rencontrer. No pressure, mais just so you know : ça va être cool je pense.
Il me faisait rêver. J’avais envie de tout ce qu’il imaginait vivre avec moi. Une semaine plus tard, il était en spectacle à un bar et il m’a invité. Ça vous étonne si je vous dis que je n’y suis pas allée?
En regardant les détails de son invitation, il a ajouté une photo de lui sur son Facebook accompagnée de la nouvelle qui m’a fait paniquée : il partait en voyage pour un mois.
Et moi, j’avais complètement oublié ce détail important.